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Les Gabariers de la Rance

30 juillet 2017

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A partir du 16ème siècle et jusqu’au milieu du 20ème, les Gabariers de Pleudihen, aussi connus sous le nom de « Gabarriers de la Rance », assuraient le ravitaillement de Saint-Malo en bois de chauffage et en fagots pour les boulangeries qui produisaient, outre le pain, les biscuits de mer pour les navires en partance pour Terre-Neuve. Saint-Malo avait besoin de bois et Pleudihen la proximité des forêts, les gabariers vont le leur transporter au gré de la marée et du vent. Le bois venait des forêts du Tronchet, de Coëtquen, de Tarnouarn, par le « chemin bleu » (de la couleur des granits de Lanhélin). Il arrivait au « Havre » des Bas Champs et formait des montagnes.
Plus tard, les Gabariers assureront aussi le transport de pommes et du fameux cidre de Pleudihen dont les malouins appréciaient la qualité.

Leurs gabares étaient de lourdes embarcations (entre 9,50 et 10 m. de long pour environ 4m de large) aux voiles de toile rousse de chanvre. La partie centrale, et ventrue, était dépourvue de plancher afin de recevoir le fret. Les rondins placés au fond du bateau et les fagots chargés par dessus. Ce type de bateau doté d’une voile au tiers et d’un foc amuré sur la tête d’étrave était relativement lent et peu manœuvrant mais les gabariers profitaient des courants de marée particulièrement fort dans l’estuaire. L’équipage se limitait à deux hommes, le patron et un matelot, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière.

Gabare de la Rance, chargée de fagot arrivant à Saint-Malo (source Yves duboysfresney)
Gabare dans sa souille au havre des Bas-Champs, en arrière plan les tas de fagots en stock.

Ils avaient deux sites d’attache : l’un au port de Mordreuc et l’autre dans le havre des Bas-Champs. Les gabares mouillaient dans les souilles comme celles que l’on retrouve à Mordreuc. Là, elles étaient chargées à marée basse et les gabariers profitaient des courants montants et descendants pour transporter leur fret.

L’activité des gabariers s’estompa fortement après la guerre de 1914/1918 avec l’arrivée du charbon d’Angleterre chez les boulangers de Saint Malo, pour cesser totalement au milieu du 20ème face l’émergence de moyens de transport plus modernes (train, route).

Les Gabariers de la Rance ont été rendus célèbres par une chanson que Théodore Botrel leur dédia en 1901.

I
Au cher pays de mon enfance,
Le fier pays de Duguesclin.
Là-bas sur les bords de la Rance,
Est le vieux bourg de Pleudihen :
Ses gabariers, chaque semaine,
Chargent de bois leurs vieux bateaux
Et puis la rance les entraîne
Entre ses verdoyants coteaux…
REFRAIN
Voguez, voguez, belle gabare,
Voguez, voguez au gré du flot
De Pleudihen à Saint-Malo
C’est le vieux qui tient la barre
Quand on revient (bis)
De Saint-Malo
A Pleudihen !

II
Le plus beau marin de la Rance
Fut longtemps Jean-le-gabarier
Renommé pour son endurance
Au temps qu’il était morutier :
Les jours de Grand-Marché, les filles
Venaient lui dire: « Embarquez-nous ! »
Et l’on dit que les plus gentilles
Lui faisaient toutes les yeux doux !…
REFRAIN
Voguez, voguez, belle gabare,
Voguez, voguez au gré du flot
De Pleudihen à Saint-Malo
C’est l’amour qui tient la barre
Quand on revient (bis)
De Saint-Malo
A Pleudihen !

III
Et voilà qu’un soir de tempête
Les pauvres gens rentraient chez eux
Lorsque le flot maudit les jette
Contre le rocher de Bizeux !…
Et, depuis lors, chaque Dimanche
Quand vient à sonner la Mi-Nuit
On voit une gabare blanche
Qui descend la Rance… sans bruit !
REFRAIN
Voguez, voguez, blanche gabare,
Voguez, voguez au gré du flot
De Pleudihen à Saint-Malo :
C’est la Mort qui tient la barre
Quand on revient (bis)
De Saint-Malo
A Pleudihen !

Th. BOTREL

Last modified: 24 décembre 2021

4 commentaires pour " Les Gabariers de la Rance "

  1. […] de transit, Mordreuc était, avec les Bas-Champs, un des deux ports d’attache des Gabarriers de la Rance. A Mordreuc, vous pouvez voir les souilles où ils échouaient leurs grosses gabares. A Mordreuc, […]

  2. […] de Mordreuc A Mordreuc comme aux Bas Champs, vous pouvez voir les souilles où échouaient les gabares de Pleudihen. Les souilles de Mordreuc étaient empierrées. Saint Malo avait besoin de bois de chauffage, les […]

  3. […] de transit, Mordreuc était, avec les Bas-Champs, un des deux ports d’attache des Gabariers de la Rance. A Mordreuc, vous pouvez voir les souilles où ils échouaient leurs grosses gabares. A Mordreuc, […]